dimanche 25 juillet 2010

MONGOLIE, en route vers le centre - Arkhangai

Mongolie, un nouveau pays s'ouvre a moi. 4 fois la superficie de la France et seulement 1'000 kilometres de routes asphaltees, j'ai hate de decouvrir l'etat des pistes. Les espaces sont demesures, les vallees gigantesques, les populations composees quant a elles de quelques humains mais surtout de nombreux troupeaux en tous genres: chevaux, moutons, chevres, yacks, chameaux. A cela je rajouterais les yourtes aux couleurs blanchatres se detachant loin a l'horizon, des ciels orageux offrant de magnifiques contrastes de couleurs. Voila, le decor est grossierement plante pour les 3 mois de pedalage en vue.







Au fil des jours qui s'ecoulent, j'experimente mes premieres impressions un tantinet plus en detail.
Les pistes tout d'abord: tantot sablonneuses, parfois mechamment caillouteuses, en tole ondulee et a quelques rares exceptions excellentes, et oui ca arrive aussi.




La meteo changeante en un clin d'oeil: soleil, nuages, nuages menacants, orages plus ou moins tres violents et accompagnes d'un immanquable vent torturant ma tente. Je passe de la veste au T-shirt en moins d'une heure.


L'eau, tantot un souci, m'obligeant a porter jusqu'a 10 litres... ou parfois en trop plein, les rivieres gorgees, me faisant pousser mon velo pour les franchir a gue.

L'accueil local que j'apprecie sans moderation. Sous la yourte dans une ambiance feutree, c'est toujours un beau moment, on me tend un immanquable bol de the au lait sale, parfois ce meme bol rempli de vodka et a coup sur accompagne d'une enorme assiette degueulant de produits laitiers en tous genres: vive la creme double, fromage frais, fromage seche, yogourt, airag (lait de jument fermente). A cela, faudrait-il rajouter la viande de toutes origines, bien grasse de preference et vous obtenez mon regime du moment. Quelle ironie moi qui aime me nourrir principalement de source vegetale, dures - dures vont etre les semaines a venir.














Voila, le decor etant plante, je m'elance et quitte Ulan Bataar en direction du centre, Arkhangai, Aimag (province) couvert de steppes.
Mes roues roulent sur un asphalte plus ou moins doux, les villages s'espacent, les grands espaces prennent place, les yourtes font leur apparition, je subis mes premiers orages: aucun abri, vive la nature et la solitude. Lun - Erdenesant - Mongol Els, je file a l'ouest en direction de Tsetserleg. J'experimente mes premiers camping spots de reve, deguste mes premiers porduits laitiers bien frais et tourne mes jambes en direction de la capitale de l'Aimag de l'Ovorkhangai.








Arvaiheer - premiere ville: un marche containers, quelques guanzs (petites gargottes servant de la nourriture tres basique composee de viande uniquement et quelques nouilles ou grains de riz; pour legumes, seule la salade de pommes de terre couverte d'une genereuse mayonnaise trone sur le menu). J'en profite pour savourer une douche, collective elle est, mais a ma surprise chaude. Un saut au monastere du coin et l'envie de m'eterniser ici s'echappe, tant les cites mongoles sont repoussantes.










Remontee en selle, je decide d'experimenter une piste reliant Bayanghongor a Tsetserleg. Les informations recoltees me promettent un magnifique decor, deux larges vallees separees par un col culminant a 2'680m, de nombreux passages a gue, les eaux pouvant etre profondes, l'alerte est donnee. Je me renseigne aupres des locaux, par signes je comprends le topo, la main monte tantot jusqu'aux genoux, tantot jusqu'a la taille. Je commence serieusement a me faire du souci quand le dernier personnage interroge me promet de l'eau jusqu'au cou. Je repense a mon autrichien conduisant son 4x4 croise il y a 4 jours me disant qu'il avait fait demi-tour en voyant le niveau des eaux. J'y crois pourtant, je m'elance.

La piste tout d'abord, presque bonne au debut, elle se transforme en amas de cailloux quasiment inroulable m'obligeant la plupart du temps a pousser ou rouler a travers champs. Les passages a gue se multiplient, decollant immanquablement les semelles de mes sandales de trop mauvaise qualite. Je me console avec les paysages splendides, les accueils chaleureux au possible, la compagnie des cavaliers m'indiquant le chemin, tronant fierement sur leurs montures adaptees quant a elles a la topographie du terrain. Si facile de traverser une riviere, seul le ventre du cheval etant mouille.







La montee au col est precedee par une agreable rencontre inatendue, un groupe de cyclistes tous suisses-allemands. Plus malins, ils roulent accompagnes de 2 gros bus portant leurs bagages, d'une assistance logistique, aucun souci ils ont. Je les envie tout d'abord puis trouve l'affaire trop facile lorsque invitee je suis pour partager le lunch: manger sur une table, etre assis sur une chaise, manger dans une assiette en porcelaine, se faire servir par un staff mongol souriant, ne pas devoir debarrasser ni ranger. Ce confort a un prix evidemment, heureuse je suis de ne pas devoir le payer et meriter mon avance. Je m'elance sur la montee du col.

Ovoo (tas de cailloux sacres bondes de bouteilles de vodka, bequilles et echarpes bleues censees porter chance aux voyageurs) marquant le passage dans la vallee suivante, je me plie a la regle des 3 tours dans le sens des aiguilles de la montre, jette 3 cailloux suplementaires a la pile deja enorme et m'elance dans la descente.




Meme decor, meme accueil, meme plaisir, seul le niveau des eaux evoluent... evidemment pas en ma faveur. Le dernier passage devient chaotique, tant le courant est devenu fort. 5 aller-retour, mes saccoches et Chottine sont du bon cote de la berge, soulagee je suis de savoir cet exercice le dernier du genre.





Quelques collines, je me dirige grace aux poteaux electriques, direction Nord-Est, ca y est, 4 jours et 196 kilometres, Tsetserleg pointe son nez, je me rejouis de gouter au confort de cette capitale d'Aimag, bienvenue dans la Mecque des steppes.

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