mercredi 26 mai 2010

Baiyu - Serxu

De la piste sur 75 km, je remonte la Golden Sand River marquant la frontiere avec le Tibet a proprement parle. L'asphalte pointe son nez, check point sur la gauche ou tout droit? Tentations, mais la situtation etant bien fermee, je me resous a continuer tout droit. Dege pointe son nez, encore 35 km de goudron, un orage et un tantinet de confort, ca fait du bien de decrasser la bete de temps en temps meme a l'eau froide.



Cho La (4'900m) a l'horizon au programme du lendemain, je me glisse sous la couette, une bonne soupe aux nouilles au fond de l'estomac, mon regime quotidien, ca devient une habitude.
Le reveil se fait brumeux pour ne pas dire franchement pluvieux, la couverture reste sagement en place, mon velo aura lui aussi une journee de repos force.

Monastere de Dege







Surlendemain, grand ciel bleu, aucune excuse pour ne pas monter en direction du col. Magnifique vallee peuplee de yacks comme d'habitude, les camions semblent passer, en convoi, ils defilent soulevant de grands nuages de poussieres. Le decor se fait franchement alpin, la neige tombee hier donnant un aspect magique.






Les drapeaux a prieres m'accueillent au sommet, les passagers a moteur lancent quelques papiers au vent en guise de prieres, la police jouant le meme jeu. Descente en lacets, interminable mais si belle.







Yihun Latso (glacier lake) et ses eaux turquoises refletent l'ombre de la majestueuse chaine des Cho La montagnes, mon camping spot est tout trouve. Les mines des enfants tibetains me font visite au petit matin, curieux de mon paquetage.






Manigango, Dzongchen Gompa, Muri La (4'633 m), ma route se poursuit en direction de Serxu, prochaine civilisation, je fonce ou presque. Attaque neigeuse sur l'avant dernier col, avis de tempete, ambiance glaciale, meme les yacks ne font plus les malins, le dos recouvert d'une epaisse couche neigeuse. L'accueil incomparable des nomades chercheurs de caterpillar fungus (champignons aux aspects de chenille aux vertus si medicinales) fait ses preuves, me voila blottie au coin de leur poele, gavée a coup de Tsampa et saucisses de yacks. Rude condition de vie a ces altitudes, je suis contente de ne pas planter ma tente ce soir, trempee encore qu'elle est.














Ma remontee en selle tarde, la neige continue de tomber, patience. Eclaircie timide, j'en profite et file sur la derniere ligne droite me menant a New Serxu, calfeutree au fond d'une large vallee, parsemee de gompas, moines marchant le long de la route par centaines.








Serxu, au programme: comme d'habitude, une lessive, douche (par bonheur je degotterai la seule douche fonctionnant dans la ville, collective elle est, chez le coiffeur, mais chaude!), reparation de mon velo souffrant toujours autant, viree sur le net et bonnes boustiffes en vue :-)

mardi 11 mai 2010

Litang - Baiyu, petite boucle hors sentier battu

Litang - Baiyu sans passer par Garze, le pari est lance. Le trace est raccourci, la route devient piste, les cols tout autant nombreux, les vallees de yacks toujours presentent et les saluts teintes de surprise. Les nomades peuplant ces vallees a deux pas du Tibet ne sont guere habitues a voir defiler des 2 roues sans moteur.

Le premier col a seulement 7 kilometres de la cite de depart aura raison de mon porte-bagages avant. Cassure nette et sonnante, l'alu n'étant pas bon en reparation, je tente le pari de ne pas faire demi-tour et le consolide a coup d'attaches rapides en plastique. Quelques kilometres plus loin, mes pains coincés sous les elastiques de mes sacoches finissent dans le ravin?! Je m'arrete, ramasse ma precieuse reserve de nourriture pour les jours suivants et comprends l'erreur. Deuxieme casse, les crochets de ma sacoche arriere gauche cette fois-ci. Marre, j'en ai marre de passer mes journees a reparer! Le deuxieme col du jour se passe plutot bien, me voici a 4'770m. Les camps de ramasseurs des precieux vers promettant des guerisons multiples sont nombreux, des familles tibetaines entieres s'occupent a la tache.


Vallees, rivieres, je quitte l'axe principal et bifurque a gauche afin de m'enfoncer dans une vallee parallèle censee me mener tout droit a Baiyu via ce raccourci. Incertitude, je tente le coup. Dame meteo se veut capricieuse, les abris improvises se multiplient, je m'arrete, l'averse n'est cependant jamais mechante, elle m'oblige a des pauses de 30 minutes. Un monastere pointe son nez. Causette gestuelle avec le moine d'accueil, me voila invite a y passer la nuit. Mon hote, pas cuisinier pour un sou, me fait passer le message: sens-toi a la maison, voici la cuisine, les allumettes sont la, moi je me cale derriere un DVD! Sympathique il est, mais surprise tout de meme je suis, je me mets a ma tache accompagnée du son des prieres tout de meme. Monastere, non!?











Col en guise de petit dej', piste correcte, transformee en piste defoncee au fil des nuages noircissants. Descente en douceur, vallees magnifiques, yacks a foison, une ecole perdue au milieu de nulle part, des hameaux minuscules et moi qui plante la tente dans un decor de reve. Je me glisse au fond du duvet, porte entrouverte, un yack arrive, suivi de tous ses nombreux amis. Sachant qu'un troupeau de yacks n'est jamais seul, les visites humaines ne tardent pas, je me sens dans un zoo, du mauvais cote des barrieres, scrutee par les nombreuses pupilles tibetaines.













Jachi, village de pelerins perdu au milieu de nulle part. Surprenant, des nones, que des nones. Les regards s'echangent, les mines surprises se transforment en visages souriants, mon velo est pris d'assaut, l'echange avec un chapeau ridicule s'opere... presque... moins une :-)










Derniere descente, toute progressive, 1'000m de denivelee en pas moins de 85 km me mene a Baiyu. Village suppose tres tibetain, deception, je suis accueillie par la police trop chinoise. Formalite, je suis casee dans un hotel ayant la permission d'heberger les etrangers. Et que les dollars sortent du porte-monnaie!



Monastere vivant, les moines sont nombreux, les gamelles se remplissent, les mandalas se creent, les statuettes en beurre se modelent et moi je repose mes gambettes le long de la riviere en compagnie des joueurs de billard.