vendredi 20 août 2010

Tsatans - rennes et Chamanisme

On roule, en trio, ma fidele compagnie espagnole a trouve du renfort: un cyclo suisse-allemand. Un permis pour la partie proche de la frontiere russe abritant la tribu Tsatan en poche, on s'elance sur le coup des 12 heures a l'assaut de ce coin de Mongolie. Le plan est clair, on fait une boucle a l'ouest afin de contourner la chaine de montagnes, soit environ 300km de piste. On calcule vite fait, d'ici 5 jours on serait susceptible de relier Tsagannur, la capitale de cette fameuse tribu et berceau du chamanisme


Survol de la carte, on suppose des pistes, le deuil du goudron est fait depuis belle lurette. Quant a leur etat, il est inconnu, surprise sera. Tantot bonnes, souvent defoncees et encore plus elles sont indechiffrables. Les croisements se multiplient au fil de notre avancee, la boussole sort de la poche a maintes reprises, on tente de garder le cap mais trop souvent influences nous sommes par les pylones electriques jonchant les steppes du coin. En dernier recours, la solution la plus efficace est toujours la meme: se fier aux locaux. Tantot du haut de leur monture - cheval ou moto - moins rarement en jeep et quelques fois en mini bus russe, les mains s'agitent indiquant les quatres points cardinaux. On s'etonne parfois, la piste perdant trace au milieu des patures, seule l'herbe ecrasee nous souffle la direction.











Arbulag - Bayanzurkh - Ulan Uul - trois mini villages traverses au fil du tourniquotement de nos roues, une poignee de biscuits et kushurs (crepes farcies a la viande et frits) empoches, on pousse la route. Notre avancee est trop souvent stoppee par dame nature.






Orage, pluie persistante, neige, la toile de tente prend sa forme en des temps records, refugies nous serons pendant deux jours durant. La fermeture eclair s'entrouvre, le coup d'oeil au ciel plus que grisatre est desespere, la glissiere se referme, la siesta se poursuit. Apres 48 heures de pluie non stop, le moral en prend un coup, les calculations de provisions et reserve d'eau prennent place: va falloir bouger tot ou tard, on est a sec. Coup d'oeil profond sur la carte, pas de riviere dans les prochains 100 kilometres, l'espoir est reporte sur la rencontre de camp de yourtes, sachant que ou ame vit, eau il y a!





Les nomades bougent leur camp, les troupeaux de yacks et moutons descendent deja les vallees a la recherche d'une herbe plus grasse. Les Sainbanuu se scandent avec le sourire, les arrets sous les yourtes du coin sont les bienvenus, havre de paix elles symbolisent.








Tsagannur, enfin! Calfeutree sur les rives d'un petit lac bleute, la #ville# royaume des Tsatans se laisse apercevoir. Les velos s'offrent une journee de repos, les rencontres avec quelques touristes egares se produisent, l'echange et conversation battent leur plein. Chamanisme, le rendez-vous est pris, on ira voir Nergui le Chamane ce soir.




Les petits cadeaux glisses sous nos bras ne sont pas oublies, encore moins la bouteille de Vodka! Tout pour les esprits evidemment...

Notre Chamane nous met a l'aise dans sa cabane en bois, le poele ronronne, ses assistants de ceremonie sont aux petits soins. L'appel peut demarrer.


A l'aide d'un petit instrument vibrant dans sa cavite buccale ou tantot a l'aide du tambour resonnant au rythme d'un cheval au galop, la communication tente de s'etablir avec les 21 esprits connus de Nergui. Il enfile son costume, son masque protege son visage, le balancement de son corps bat la mesure. Une fumee d'encens embaume le lieu dans le but d'eviter les mauvais esprits de s'inviter a la ceremonie.




Soudain le premier esprit entre dans le corps de notre Chamane, les revelations peuvent alors prendre place. Les esprits visiteurs du soir seront au nombre de 3, son grand-pere, l'esprit de la montagne sacree, sa tante. Esprit - chamane decede et connaissance de notre Chamane, les deux conditions doivent etre remplies pour prendre la denomination voulue.




Apres deux heures de transe, le dernier esprit quitte le lieu, le corps de Nergui choque, son esprit reprend place. L'energie est destabilisante, je ressortirai perplexe de mon premier contact avec le Chamanisme.


Le vent balaye violemment les plaines, agitee est l'ambiance du coin...


Deuxieme interet du lieu, les Tsatans: tribu migrante venue de Siberie, traditionnellement elle vit de l'elevage de leurs rennes. Ces derniers appreciant le climat frisquet, il me faudrait poursuivre ma route au Nord pour quelques bonnes 12 heures pour aller a leur rencontre. Le terrain etant detrempe, la seule facon de parcourir cette distance est le dos de cheval. Mes fesses sont recalcitrantes, apres la selle de velo, je me vois mal leur infliger cet exercice.
Qu'a cela ne tienne, je verrai neanmoins un renne... ou presque :-)



Apres deux jours de pluie, une fenetre meteo semble s'ouvrir. On reve de rejoindre le lac Khovsgol, seul souci, passer un col, le Jiglegyn Davaa repute marecageux. On y crois, le cap se met a l'Est, Renchinkumbe, petit village au pied de ce dernier, l'enquete prend place: deux chemins pour monter au col, dilemme, piste du sud ou piste du nord? Impossible d'avoir une reponse, il ne reste plus qu'a essayer. Une demi-journee plus tard, les pieds et demi-jambes completement detrempes, les roues boueuses a souhait, on courbe l'echine et rebroussons chemin; les pluies des jours precedents ayant raison de notre envie.






Le chemin du retour se passe, comme des chevaux on sent l'ecurie. Les lignes electiques nous indiquent la direction a suivre. Oliyn Davaa situe a 2'100m, on plonge dans la vallee suivante, encore un col, pente encore plus raide, on replonge dans une autre vallee, indefiniment.






Les camping spots sont toujours dements, les couchers et levers de soleil prenants, la casserole mijote fierement sur son rechaud a essence, notre estomac se goinfre de platres enormes de pastas ou risotto et parfois de noodle soupe. Le regime n'est pas forcement varie, pourtant ce moment serein qu'on s'offre en fin d'etape nous est vital.








Moron, seul panneau de signalisation present depuis que j'ai quitte la capitale est en vue, heureuse je suis de me savoir de retour dans la presque civilisation. Les bruits sont differents, le silence prenant des steppes cedent sa place a la musique folklorique et klaxons mongols.



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