Terrain ondule, les cols n'ont rien a voir avec ceux du recent Tibet de l'Est traverse, neanmoins l'etat chaotique de la piste en est la difficulte. Sablonneuse, elle me fait mordre la poussiere et arrache du meme coup la peau de mes coudes. Ou alors mouillee apres l'orage, elle devient boueuse et l'effet ventouse pour mes pneus est inevitable.
Vive les crevaisons et rayons casses!
Le vent: de face et encore de face, il a reputation de souffler de l'ouest, je le constate et me rejouis de changer de cap dans 10 jours. D'ici la, je baisse la tete et ai le temps de voir defiler les kilometres au ralenti.
Le paysage: toujours ces magnifiques vallees, toujours les 5 museaux (yack, chameau, cheval, chevre et mouton) les bordant, des yourtes a gogo, des Ovoos tronant au sommet des bosses et des immensites a perte de vue.
Les lacs font leur apparition, Terkin Tsagan Nuur pour commencer. Rives celebres aux yeux des touristes, j'opte pour la version sud censee etre la moins frequentee. C'est le cas, camping spot geant pour moi seule, les camps de yourtes tronant de l'autre cote de l'etendue d'eau.
Les petits bleds jalonnant la piste principale se qualifient en #de la mort#: quelques bus soviets aux amortisseurs inexistants, un ou deux restos servant l'inevitable nourriture #blanche#, j'emplis mes sacoches de ravitaillement basique en vue du prochain troncon recule... en attendant une trace de civilisation.
Tosontsengel
Le temps se met au gris, vent violent, pluie mechante, froid siberien. Mon etape du jour se veut detestable, je lutte dans cet environnement inhospitalier deux bonnes heures et oh! Du bonheur! en levant le nez, une maison inattendue pointe son nez. Mon pied gele se met a terre sans rechigner, je prends refuge dans ce logis magique, au coin du poele, je me seche tout comme les milliers de champignons suspendus contre les palissades. L'attente s'opere, les gouttes ne discontinuent pas, le vent redouble de force, la nuit se passe... .
Reveil miraculeux, ciel bleu, vent tombe, je remonte en selle, seule la temperature est toujours glaciale. Apres tout la Russie n'est qu'a deux pas d'ici.
Les campings spots sont de reve, ma toile de tente tantot blottie au coin d'un lac sale ou mieux d'eau douce, tantot calfeutree dans un meandre de riviere ou adossee a un arbre bien rare dans le coin.
Les rencontres avec mes semblables sont rares mais existantes tout de meme. Un couple espagnol en route pour une courte duree: 3 semaines pour parcourir le pays entier, ils tracent, tracent et courent apres le neant. Ils s'etonnent de ne rien voir... et oui, c'est ca la nature, que de la belle nature, c'est deja enorme de mon point de vue.
Un motard italien aussi, completement a bout de ces pistes laborieuses, me relatant sa mesaventure, la tete plongee dans la boue, coince sous sa lourde moto BMW.
Un groupe organise enfin, mixte de 10 Italiens et Espagnols voyageant leger, bon materiel, la voiture balai fidele au poste.
Derniere ligne droite menant a sa capitale d'Aimag - Moron et son fameux lac Kovsgol. Deja en point de mire, j'apercois cette civilisation loin en amont. La distance supposee devant etre de 50 kilometres, elle me parait bien moindre. Je le comprendrai le lendemain, la piste faisant d'enormes detours afin de contourner la riviere inondant la vallee. Vive la civilisation, pourtant...
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